Pyrénées Orientales (traversée Conflent-Cerdagne) - Mars 2020

Traversée à skis effectué avec Stéphanie, entre le 29/02 et le 6 mars.
La météo a été assez mauvaise, avec plein de vent surtout.
Beaucoup de neige en altitude, et du bon ski globalement.

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Compte rendu

29 février 2020, Arrivée et refuge des Cortalets

C'est parti pour une semaine de ski avec Stéphanie, direction la Cerdagne dans les Pyrénées Orientales. 5h+ de route depuis Grenoble avec de la pluie jusqu'à Montpellier puis du soleil.
On démarre à 14h du col de Millères à 800m d'altitude, à côté du village de Fillols, lui même à côté de Prades à 40km de Perpignan. On allège les sacs mais en gardant l'obligatoire (2 nuits en cabane/refuge non gardés sans couvertures, baskets, crampons/piolet etc)

On démarre sur une piste avec un sentier qui coupe la piste fermée par une barrière à 920m d'altitude. Un peu plus haut, on bifurque sur un autre sentier qui monte direct au col des Voltes à 1850m, le sentier est déneigé et c'est facile en baskets. On croise un skieur qui descend et qui a fait le Canigou, bonnes conditions, tant mieux, la météo annonçait 100km/h de vent ce matin. Le temps devient nuageux et la montée est super jusqu'au col à 1800m où l'on chausse les skis. On est en versant N, et il y a déjà 80cm de neige de type névé avec faible enfoncement même l'après-midi. On arrive à la cabane (ouverte) de la Jasse des Cortalets à 2000m et il y a déjà 1,2m-1,5m de neige, tout tombé en 3 jours il y a un mois.
On arrive au refuge des Cortalets 2150m, à 18h, il y a 5 espagnols qui essaient de trouver de l'eau à un petit lac à 10 minutes du refuge. Ils en sont à leur 2ème essai et n'ont pas de pelle. On leur prête une pelle, et miracle, la glace n'est pas épaisse et on peut remplir les gourdes et de grosses bouteilles d'eau, on n'aura pas à faire fondre de la neige, top ! Repas avec une grosse soupe, saucisson, jambon, pâté, amandes, cacahuètes, fromage, chocolat et au lit avec 5 autres espagnols arrivés entre-temps et 3 sympathiques français arrivés à la bourre, qui n'auront plus de matelas disponible (mais avec une couverture en guise de matelas)

1er mars 2020, Canigou

Jour 2: plutôt assez bonne nuit mais des gens se sont levés à 5h pour partir à 6h, c'est vraiment la course à celui qui partira le plus tôt. A 8h, le temps est encore au brouillard et on traîne.

A 9h, le soleil arrive d'un coup, super, on se prépare et partons à 10h. La neige est transfo et il y a un max de vent de NW. On croise un sympathique couple de locaux. Arrivés sur l'arête, le vent souffle un max, les 3 français descendent du sommet avec des crampons de trail, la trace doit être excellente sinon ils n'y seraient pas arrivés. Vers 2400m, il y a trop de vent et la neige trop béton, on chausse les crampons. Stéphanie n'est pas à l'aise avec le vent qui l'a fait partir de côté à cause des skis. Sous le sommet, hésitations de Stéphanie, je prends ma ficelle kevlar et l'encorde à 2m, elle ne pourra pas glisser.
On arrive au sommet , et le vent est en nette baisse, super ! Photos. La cheminée en versant S est sèche. J'ai la corde sous la main et mets une main courante. Je descends le sac de Stéphanie un peu trop lourd pour elle, et on se retrouve en bas. On chausse les skis, dans une neige super décaillée. C'est plutôt raide (de 35 à 45° irrégulier), mais ça se descend bien.
Descente super du versant S jusqu'à la cabane Arago puis un peu plus bas. De là, il faut traverser à flanc jusqu'au refuge de Mariailles. Dans les topos, c'était annoncé merdique, je pensais à cause du manque de neige, mais c'est en neige béton et raide en dévers (40-45°) + arbres en travers, obligé de remettre les crampons/piolet. La traversée dure 1h30-2h jusqu'au refuge, on ne pouvait pas faire plus vite. On arrive au coucher de soleil à la cabane ONF de Marialles 1700m. Longue journée au final. On est seuls. Petit coup de fil aux proches, repas identique à la veille, on n'use pas trop de gaz grâce à une source assez proche. Puis dodo !

2 mars 2020, Mantet

Jour 3: le vent s'est levé dans la nuit comme prévu, 60km/h au refuge, sûrement 120 sur les crêtes, impossible de réaliser la traversée par le refuge de Pla Guillem. Après étude des solutions, on démarre tard vers 10h30 en choisissant de passer par la vallée. On traverse à skis à plat sur une piste, on voit des isards et des chevreuils. La piste est coupée une vingtaine de fois par des arbres tombés avec la tempête d'il y a un mois, on n'avance pas très vite. Au bout d'une heure, plus de neige en versant SW et on descend en baskets sur un sentier efficace jusqu'au village de Py vers 950-1050m d'altitude.
On essaie de faire du stop jusqu'au village de Mantet habité par quelques personnes, mais une voiture nous passe sous le nez, arf ! On essaie de trouver quelqu’un pour aller au col de Mantet 700m plus haut. ça ne marche pas trop mais un habitant avec qui on avait discuté nous monte un peu. Il va donner à manger à ses vaches, il nous montre ses chèvres de Rove aux cornes torsadées, plus efficaces que la débroussailleuse. On repart et il nous monte finalement au col, super, merci.

Au col de Mantet 1750m, descente sur le village de Mantet à 1500m d'altitude. On va dans un gîte à la ferme, la tenancière ne nous fait pas à manger car on n'est pas assez nombreux mais nous dépanne de quelques denrées. Dehors, il se met à neiger. Le gîte est super sympa, demain on retrouvera l'itinéraire prévu initialement.

3 mars 2020, VallTer

Jour 4: super nuit, on démarre un peu tard vers 9h. On descend jusqu'à la rivière ou il faut passer pieds nus car les rochers sont glacés. Stéphanie essaie de passer pieds secs car elle est très sensible (Raynaud) mais n'arrive pas à traverser. Je reviens et lui prends son sac. Finalement, on réussit. On continue en baskets jusqu'à 1700m où l'on chausse. Il a neigé un peu hier et ça adoucit la surface glacée. Vers 1900m, on croise un orrhi (abri sous roche), je me trompe et lui dis que c'était une possibilité de cabane. Mais non, la cabane de l'Alémani est un peu plus loin. On traîne et le temps se dégrade (pas prévu). ça m'agace un peu puis on avance fissa pour passer la frontière avant le mauvais temps. Il y a 10cm de fraîche vers 2000m, mais la couche de fraîche descend au fur et à mesure que l'on monte, grâce au fort vent qui a tout balayé. En un sens, tant mieux, pas de problème nivo. Le mauvais temps arrive par le N, le vent est modéré. On chausse les crampons sous le col/porteille de Mantet car c'est glacé sur quelques mètres.

Arrivés en haut, il y a encore de la visibilité. Descente en versant S en neige béton sur l'ancienne neige sablée, et bonne sur la nouvelle neige compactée par le vent. C'est du bon ski finalement jusqu'à la station de VallTer, où il y a à peine une dizaine de voitures. Il y avait une trace de skieurs du jour, les premières croisées. On a réservé au seul logement possible, un hostal sous la station. Pas trop skiable, on descend à pied par la route. On ne va pas au refuge UllDeTer seulement gardé les week-end. On arrive à l'hostal à 1950m où on est encore les seuls. Le temps se remet au mauvais l'aprèm.

J'avais dit à Stéphanie qu'on mangerait de bonne qualité en Espagne mais non, c'est nourriture basique, tant pis ! Puis dodo !

4 mars 2020, Núria

Jour 5: bonne nuit globalement, on démarre vers 8h20. Vu les prévisions météo assez mauvaises, si on n'arrive pas à Núria ce soir, on dormira au refuge non gardé de Coma de Vaca et rentrerons par Mantet demain. On démarre par la route qu'on doit remonter, c'est assez chiant mais finalement, un sympathique moniteur nous prend et on économise une demi-heure sur la route. On chausse les skis et montons au refuge UllDeTer. Il n'est pas gardé, et le refuge d'hiver n'a pas de matelas. Il y a bien 20cm de neige fraîche, bien soufflée, je ne crois pas qu'on arrive à Núria à cause de la nivologie. On continue, et la fraîche disparaît à cause du fort vent passé. Un skieur nous double au loin, et même on voit 3 skieurs en haut passés par la station. On arrive au col de la Marrana vers 2550m. Je passe la corniche à pied sans crampons et Stéphanie en couteaux.

Au col, le temps tient. Les skieurs vont au pic du Géant (Gegant) assez déplumé. Mais le temps s'améliore et, grâce à la neige dure, on descend rapidement jusqu'au refuge de la Coma de Vaca 2000m. Super ! On n'a mis que 3h et on repart pour Núria après une petite collation.

On remonte une longue vallée, le temps se dégrade (petite pluie jusqu'à 2500m) mais ça va encore. Dans le haut, il y a plusieurs possibilités, on va aller au plus sécurit au cas où le temps se dégraderait plus. On monte au col de Torreneules à 2550m. Le vent souffle assez fort mais on est abrité. Après une traversée à flanc, on doit enlever les peaux à un col. Mais le vent est trop fort, on va s'abriter derrière un monticule pour enlever les peaux, et on va à un autre endroit pour chausser. Les sommets se bâchent mais on a encore une bonne visibilité. On descend à Núria dans une super neige, 3 minutes pour descendre, top !

Au niveau du refuge, on passe en plein S et on porte les skis à plat jusqu'à une auberge située en haut des pistes de Núria. Super !
L'auberge à 2150m est en fait un bâtiment pour les classes de neige, il y a 70 ado et nous deux. ça nous va bien. On nous demande une carte d'identité mais on n'en a pas, mais on en trouve une sur le téléphone via internet. Pas de bière possible, arf ! Le soir à 20h30, le repas est un self pour colo de vacances, basique mais copieux (et très bruyant).

5 mars 2020, Eyne

Jour 6: très bonne nuit, on démarre tôt vers 8h, l'idée est de passer en France absolument ce jour car les prévisions sont encore moins bonnes pour les 2 jours suivants. ça commence par une descente sur les pistes, elles sont dures mais pas glacées, très bon ski. A Núria, le petit train venant de la vallée est actif et on peaute vers le col de Finestrelles, point le plus bas de la crête frontière. L'enneigement est faible mais tout passe à skis finalement. Il fait beau, la neige est bien transformée et on bifurque sur le pic de Finestrelles car la descente versant français du col homonyme est merdique et raide. Le temps se dégrade et vers 2500m, on met les crampons. Je prends les skis de Stéphanie qui est plus emportée par le vent que moi par les skis sur le dos. On est protégé du vent jusqu'à 2700m, puis les 100 derniers mètres sont expo au vent d'W-NW de côté. On doit mettre un genou à terre 4-5 fois (entre 70 et 90 de vent au sommet), mais on arrive juste avant le mauvais temps.
Quelques photos à l'arrache, on chausse les skis et descente dans un versant peu pentu. Le haut est plein de sastrugi (vagues) puis sous 2600m ça skie bien. Le plus dur est fait. La descente est assez bonne et on arrive skis aux pieds à 1880m dans la vallée d'Eyne. La route est à juste 2km, on téléphone à Jean-Jacques qui habite à côté, je l'ai connu sur une expé au Lénine en 2008. Retour baskets jusqu'à la route Eyne-Llo assez désertée. Fin du raid, plutôt difficile avec ces conditions météo, mais un super raid.

Jean-Jacques vient nous chercher et on mangera/dormira chez lui à Saillagousse, un grand merci ! Pas mal de discussions avec Jean-Jacques sur les expés, l'Andorre où il réside et travaillait jusqu'en 2019.

6 mars 2020, Retour

Jour 7: très bonne nuit, on se lève tôt à 6h car je dois acheter des skis à Montélimar sur la route retour (http://www.alpcontrol.com/)

La route retour (nationale N116) est fermée pour 2 mois à cause d'un affaissement, on n'a même pas le droit de la passer à pied. Il y a un petit train touristique (train jaune), mais juste avant de partir, j'ai vu qu'il y a des travaux sur la voie et qu'il est arrêté pour 10 jours, arf ! L'idée est donc d'aller au dernier village accessible (Sauto), et de passer par les sentiers pour arriver au 1er village derrière l'éboulement (Fontpédrouse). Puis prendre ensuite un bus, puis stop pour revenir à la voiture.
Le sentier n'est pas barré, on descend en 1h15 jusqu'à Fontpédrouse. Il y a des voitures qui descendent, taxis sauvages je pense, qui ne nous prennent pas en stop. A Fontpédrouse, on attend le bus assez longtemps mais un sympathique automobiliste nous prend jusqu'à Villefranche. Là, on refait du stop, mais personne nous prend avec tout notre barda. Mais une femme nous prend et nous emmène même jusqu'à la voiture ! Un grand merci à elle.
Puis retour en Isère via Montélimar, avec un peu de pluie tout du long


Compte rendu de Stéphanie sur ExpéMag



Topos

Sur CampToCamp: Montée au Canigou, Descente du Canigou
Porteille de Mantet -topo approchant-,
VallTer à Coma de Vaca enchaîné avec Coma de Vaca à Núria
Pic de Finestrelles

Cartes espagnoles internet

Logistique

500km en voiture depuis Grenoble
Hébergement: en gite gardé ou cabane/refuge non gardé -sac de couchage + réchaud/popotte au minimum-
Gite à Mantet , à VallTer (tous les jours), à VallTer (les w.e) et Alberg Xanascat Núria sur booking.com

Météo

Sur météo blue

Webcams de VallTer et Núria

Nivologie

Côté espagnol ou ici